Me voici depuis le mois de novembre 2017 plongée dans l’univers du volet et de la porte de garage. C’est une rencontre avec le PDG fondateur, Bernard Paineau, qui a abouti à notre collaboration pour l’écriture d’un livre sur leur trente ans. L’entreprise s’appelle Sothoferm et est basée dans le nord des Deux-Sèvres, à côté de Thouars.
Alors des volets, vous allez me dire, ce n’est pas « sexy » (oui, on utilise beaucoup ce mot en ce moment). Détrompez-vous ! C’est la même histoire que pour les balais de SOVB, l’objet n’a l’air de rien et pourtant il est passionnant. Il est passionnant car il parle de nous. Le choix de ses volets ou de sa porte s’effectue sous une vigilance, accrue par l’envie d’embellir sa maison et de la sécuriser. « La cravate de l’habitat » s’est amusé à me dire Bernard Paineau. Eh oui, d’autant que la cravate doit être assortie au reste du costume et surtout ne pas ressembler à celle du voisin. Et cela dure depuis un petit bout de temps puisque dans « L’art de la menuiserie » de Roubo le fils, compagnon menuisier du XVIIIe siècle, il est clairement expliqué comment le volet, alors intérieur, devait participer à l’esthétique de la pièce et « répondre aux plafonds ou aux voussures qui les couvrent, auxquels ils semblent plutôt appartenir qu’à la croisée » (croisée : comprenez la fenêtre). Les menuisiers soignaient les moulures pour que « le volet soit d’un bel effet ouverts et fermés. »
Selon l’aisance du client et son envie de se distinguer, les vantaux se parent de « ronds ou de losanges au milieu des volets, ou de frises, ou encore on chantourne les traverses et leur panneaux taillés d’ornements, comme trophées, guirlandes… »
Au XIXe siècle, le volet change de place et de nom : il s’installe de l’autre côté de la fenêtre, à l’extérieur et devient le « contrevent ». Sothoferm fabrique donc des contrevents ! Je ne sais pas à quel moment le mauvais usage du mot s’est fait, mais avouez, qu’aujourd’hui il ne vient à l’idée de personne de commander des contrevents. Sauf peut-être dans le milieu des architectes et des bâtiments de France, oui possible.
En lisant, « Le Sel de la vie » de Françoise Héritier, je m’aperçois que nos petits volets sont présents en littérature. Lorsque l’auteur fait la liste de « moments lumineux de l’existence », elle pense à « une grande maison à volets verts située à une croisée de chemins au cœur d’une forêt. »