C’est par l’agence de communication Billiotte &Co que j’ai eu l’opportunité d’écrire le livre des 50 ans de la station de La Bresse Hohneck, dans les Vosges.
Moi, la fille de la plaine me suis rendue dans les montagnes, certes moyenne montagne, mais quand même, pour écrire de septembre à décembre 2015 l’histoire de cette station familiale.
Depuis Niort, une journée de train m’attend pour débarquer au pied des pistes. Je suis accueillie par le directeur de la station, Nicolas Claudel. La station est entre deux saisons, celle d’été qui se termine et celle d’hiver qui se prépare. Le soir à l’hôtel Les Vallées, je rencontre Hervé Pierrel, le directeur, qui m’accueillera plus de deux mois dans son hôtel pour que je puisse écrire sur la station. L’histoire est précisément partie de cet hôtel.
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C’est pour cela que j’y suis installée. Pendant des semaines, toutes les archives de la station et de l’hôtel seront étalées sur une grande table dans ma chambre. Dans ce bureau improvisé, je me plonge dans les années vingt et je reçois en interview la famille Remy et d’anciens salariés.
Il est arrivé avec toutes ses archives sous le bras. Lui, c’est Jean-Marie Remy. Figure locale bien connue des Bressauds. Et pour cause, il a lancé le ski dans les Vosges en 1965 avec ses deux frères René et Michel. La famille Remy aurait pu être dans le textile, une des trois activités florissantes de la région à l’époque (avec l’exploitation du bois et du granit). Les grands-parents de Jean-Marie ne reprendront pas l’usine de tissage mais exploiteront le « Café du Faubourg » à la Bresse. Et c’est parti pour quatre générations d’hôteliers. C’est pour assurer la fréquentation de l’hôtel en hiver que Jean-Marie et ses frères décident en 1954 d’installer un fil à neige dans un champ.
En 1960, la municipalité de La Bresse accorde l’exploitation d’une parcelle communale. Point de départ 950 mètres, point d’arrivée 1050 mètres. Les frères Remy et leurs épouses se lancent dans ce projet un peu fou pour les Vosges. Jean-Marie, qui avait passé son brevet de technicien hôtelier dans les Alpes, pariait qu’on pouvait bien faire du ski dans ces « montagnes à vaches ». La station ouvre avec une remontée mécanique et un bar-restaurant, Le Panoramic.
Première station de ski de la famille Remy en 1961
Premier téléski de Supervallée en 1961
Bar-restaurant ouvert de 1961 à 1972
Alors que Supervallée fonctionne encore, les Remy continuent de chercher la neige. Ils avaient remarqué qu’en montant plus haut, par la route des crêtes, existait un versant plus blanc que partout ailleurs dans les Vosges. Je passe ici les péripéties ( la forêt est sacrée aux yeux de la population et il faudra décrocher l’accord de la municipalité pour l’exploitation) pour enfin ouvrir l’actuelle station de la Bresse-Hohneck en décembre 1965.
La grande descente de la Vologne
Téléski du Chitelet
Le Slalom, premier self-service d’altitude en 1969
Voilà la station lancée. Et ça marche. Jean-Marie toujours l’affût d’idées nouvelles se met en tête de développer la fréquentation de sa station en été. Il ouvre en 1977 les deux pistes les plus longues du monde de toboggan. Les visiteurs pourront bientôt descendre les pentes en trottinette, kart et même en ski sur herbe.
C’est souvent une histoire de « première fois ». Jean-Marie frappe fort quand il revient d’Allemagne avec un canon à neige. En France, c’est inédit, beaucoup se moquent, n’y croyant pas une seconde, les tuyaux seront même vandalisés.
« Les Vosges s’ouvraient timidement au tourisme. Je savais que les emplois induits allaient être une planche de salut pour notre région. Sans neige, pas de ski, pas de retombées économiques. Alors oui, les « canons », j’y croyais. » Jean-Marie Remy
Ouverture de l’usine à neige le 11 novembre 1987
Premier canon à neige le 24 décembre 1971
Après les investissements dans l’usine à neige en 1987, c’est le pire des scénarios qui se joue.
Jean-Yves et Jean-Marie Remy
Pas de neige, pas de froid pendant deux hivers consécutifs. Cessation de paiement et dépôt de bilan pointent le bout de leur nez. Des fonds de secours du conseil régional de Lorraine et du conseil général des Vosges sauvent la situation. Reste à négocier avec les banques. Jean-Yves, le fils de Jean-Marie, vingt-cinq ans à l’époque et diplômé de l’école des dirigeants d’entreprises à Paris, s’implique dans le dossier financier. Il reprendra la présidence en 1996, convaincu de sécuriser les « hivers noirs » vosgiens en misant sur plusieurs massifs. Direction les Alpes.
Saint-François Longchamp sera la première station savoyarde reprise par le groupe Remy Loisirs en 1996 (au grand étonnement des gens du pays !).
En 2012, le groupe est renommé Labellemontagne et gère aujourd’hui dix stations, dont sept dans les Alpes et une en Italie.
Petit retour en arrière pour voir ce qui se passe à la Bresse-Hohneck pendant ce temps-là. Le « vieux » Slalom, le restaurant d’altitude est démoli et laisse place en 2009, tout juste quarante ans le Slalom1, à un nouveau complexe. Le front de neige est métamorphosé, le Slalom revu de fond en combles (restauration, location, boutique, caisses et hébergement) et apparaissent Les Grandes Freignes ***, la première résidence de tourisme classée au pied des pistes dans les Vosges. C’est Catherine Remy, la nièce de Jean-Marie, qui suivra ce vaste projet (elle travaillait déjà auprès de ses parents depuis 1988 au Slalom).
Catherine Remy
Le nouveau complexe du Slalom
Je termine en saluant tout les équipes sur place. Jetez un œil aux visages des photos suivantes. Ils ont fait, font et feront la Bresse-Hohneck. Chapeau bas messieurs dames !
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