Quel genre littéraire ?

J’aimerais raconter l’écriture d’un livre sur une entreprise. D’abord le genre littéraire.

Ce n’est pas un roman historique, ce n’est pas une nouvelle, les hommes et les femmes que je rencontre ne deviennent pas des personnages. Il n’y aura rien de fictif, rien qui n’aura été étayé, fondé sur des faits vérifiés dans les archives. Et pourtant, comme pour un roman, je souhaite que le lecteur ait plaisir à lire et ait envie de connaître la fin. Raconter une succession de faits, de dates et de décisions peut pourtant vite ressembler à un encéphalogramme plat. Alors ?

Je me suis toujours dit qu’une littérature pouvait exister pour les entreprises.

Cela fait dix années que je cherche l’équilibre entre le récit historique et le roman, d’autant qu’il n’est pas seulement question d’écriture face à un chef d’entreprise. Des formes imposées, comme le respect de secrets de fabrication, de famille, de contrats économiques, voire de slogan… cadrent l’écriture et me demandent parfois de faire des acrobaties. J’écris sous contraintes, celles de mon client et de ma propre démarche d’historien. C’est une liberté surveillée. Donc pas d’envolée lyrique, pas d’interprétations hâtives, non fondées sur une tonne d’archives.

L’histoire doit être juste, vérifiable tout en étant agréable à lire. Ce côté « agréable à lire » est pour moi lié à la problématique de l’entreprise. Il va faire battre le cœur du livre et éviter à l’encéphalogramme de rester désespéramment plat. Quelle question pose l’entreprise ? Quelle est sa mythologie ? Elles sont toutes détentrices d’un mythe, d’une histoire fondatrice. À moi de le découvrir et d’en faire le fil rouge. Pour cela, il est important de revenir au début. Comme pour un film, on n’a pas envie de rater le début, en tout cas, personnellement, je déteste ! Alors quand le fondateur est vivant, c’est formidable, il me raconte en direct. Quand l’entreprise est centenaire, comme pour la laiterie coopérative de Pamplie, le croisement des documents d’archives (relevés des conseils d’administration et des assemblées générales, courriers…) m’aide à comprendre l’état d’esprit du départ. Quelles étaient les motivations du chef d’entreprise ? Sa vision du moment ? Le contexte économique local ? La question du « pourquoi » prime sur toutes les autres. Comment a-t-il réussi, avec quels associés, quand a-t-il lancé son affaire, où se situaient les premiers locaux : toutes ces questions sont secondaires car elles ne sont pas porteuses du mythe.

Me mettre à la place des autres m’est indispensable : connaître et comprendre leur vie et du coup mieux l’écrire. De ce point de vue, le genre de la biographie est intéressant. Comme si l’entreprise était une personne qui se racontait.

Résumons, un fil conducteur qui emmène l’histoire basée sur des faits (vérifiés, vous l’avez compris) et sur l’humanité du projet entrepreneurial. Un mixte entre le roman, la biographie et le récit historique.

 

 

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